Profilage, ou la fiction française renouvelée

La saison 3 de la série Profilage vient de se terminer sur TF1. Mon analyse

C’est la seule série française que je regarde, c’est vous dire. Profilage raconte les enquêtes d’une brigade criminelle, aidée par une psycho-criminologue, Chloé Saint-Laurent. En gros, elle les assiste pour évaluer les aspects psychologiques des meurtres en faisant le profil de la victime pour arriver à l’agresseur. Alors, ce n’est pas tout à fait l’équipe de profilers du FBI d’ Esprits criminels. On serait plutôt dans la veine des Castle, Mentalist et autres Lie to me, où un consultant vient apporter un regard différents sur les affaires. Où un flic se voit flanqué d’un civil, avec des méthodes auxquelles il ne croit pas du tout au départ. Et le duo fait des étincelles.

L’équipe au grand complet, avec de g. à d. : Fred, le commandant Rocher, le commissaire Lamarck, Chloé et Hypolite

Car Chloé est redoutable. Elle perçoit chez les autres ce que le flic moyen ne verra jamais parce qu’il s’arrête aux apparences. Si un élément la perturbe parce qu’il ne colle pas avec l’ensemble de son profil, elle continuera à chercher une explication.

Des intrigues bien ficelées

La troisième saison vient de se terminer sur TF1. Thomas Rocher remplace Mathieu Pérac, tué à la fin de la saison 2 par la demi-soeur de Chloé. Celle-ci a quitté la brigade et s’est retirée en Bretagne. Rocher a pourtant besoin d’elle sur une nouvelle affaire. Et il n’aura pas trop de mal à la convaincre d’y prendre part. Et de revenir à temps plein.

J’aime cette série parce qu’elle n’a pas les défauts qu’on prête habituellement aux séries françaises. C’est bien écrit, bien réalisé, bien joué.  J’allais dire que les audiences le prouvent, mais en la matière, ce n’est pas toujours un signe probant (cf les scores des autres policiers français de TF1…).

Le vrai plus, ce sont les scénarios de chaque épisode. Des thématiques variées, des mobiles originaux et un vrai mystère : filiation, amour, drame, trahison, … Ce n’est pas téléphoné, avec un final qu’on voit venir 10 kilomètres à l’avance. Et même si j’ai parfois deviné avant les personnages qui était le tueur, c’est parce que je suis une habituée des séries, livres et films policiers. Mais même dans ces cas-là, le déroulement de l’épisode me perd et me fait douter. Et je suis complètement surprise par le dénouement.

Le double épisode final par exemple, où le commissaire est suspecté de meurtre, comporte beaucoup de rebondissements. La situation semble désespérée, l’équipe doit prendre de gros risques pour l’innocenter. Et jusqu’à la fin, le suspens est bien maintenu.

L’autre point positif, ce sont les intrigues parallèles des personnages principaux, qui sont comme un fil rouge entre les épisodes. Et permettent d’en savoir un peu plus sur eux. Du coup, contrairement à des séries américaines comme les Experts, on peut difficilement regarder les épisodes dans le désordre.

Des personnages bien campés

Les personnages principaux sont bien écrits et attachants. Chloé me rappelle Temperance Brennan de Bones, anthropologue. Passé familial difficile (son père a assassiné sa mère), personnalité fantasque à bien des égards, parfois incomprise par ses collègues, mais une grande sensibilité et une volonté farouche de découvrir la vérité. Chloé va ainsi se faire volontairement interner dans une clinique psychiatrique pour continuer d’enquêter incognito sur une affaire pourtant bouclée. Elles ont toutes deux des difficultés à faire confiance aux hommes et nouer une relation. Lorsque Chloé tombe enceinte après une aventure avec un homme marié, elle préfère ne pas lui dire. Elle va par la suite faire une fausse couche.

Rocher est père célibataire depuis la mort de sa femme, renversée par un chauffard. A ses heures perdues, il continue à le chercher. Et il finit par le trouver : un diplomate suisse, protégé par son immunité. Rocher va alors affronter son avocate, bouledogue retors et prêt à tout, jouée par Frédérique Bel (La Minute blonde). Au final, il se révèle moins froid que le premier épisode le laisse supposer. Il fait rapidement confiance à Chloé – contrairement à Pérac qui enquêta sur son passé – et s’inquiète sincèrement pour elle après ses déboires sentimentaux.

Les autres membres de l’équipe ajoute une touche de fraîcheur, car ce sont des visages peu connus. Hyppolite et Fred se connaissent depuis longtemps et sont très complices. Leurs scènes sont souvent l’occasion de plaisanteries et autres taquineries. J’avoue avoir un faible pour Hyppolite, joué par Raphaël Ferret. Il est non seulement très mignon, mais il joue très bien. Tour à tour charmeur, blagueur, pince-sans-rire, il n’en est pas moins redoutable derrière ses écrans d’ordinateur. De plus, il est généreux et a une vraie tendresse pour Chloé et Fred. Je me souviens de l’épisode où Fred et Hyppo se battaient pour présenter un homme à Chloé. Très sympa. Je crois que je vais créer une page Facebook à la gloire d’Hyppolite, si elle n’existe pas déjà.

Hyppolite en gros plan. Il est pas trop mignon, les filles?

Pour finir, le commissaire Lamarck veille comme un bon père de famille sur la joyeuse équipe. Sorte de mentor et père de substitution pour Chloé depuis le drame de sa famille, c’est lui qui la fait entrer dans la brigade. Les derniers épisodes voit sa relation avec elle mise à mal. Elle découvre en effet qu’il lui a caché des choses. Lamarck est joué par Jean-Michel Martial, comédien et doubleur reconnu (Calvin dans Ma famille d’abord et le chef dans South Park), comme son frère Jacques. Sa voix est très reconnaissable.

Une troisième saison très courue

Cette troisième saison a vu un défilé des guest stars. D’abord Michel Galabru en pédophile. Très étrange. Il m’a fait froid dans le dos sur certaines scènes. Alors qu’il a plus l’air d’un papy gâteau que d’un pervers. Chapeau. Frédérique Bel était aussi très convaincante. Je l’ai tout de suite détestée, et senti qu’elle était dangereuse. Sans compter Martin Lamotte, Sébastien Roch (Cri-Cri d’amour) ou encore Raphaël Mezrahi. De bonnes surprises. Mais mon grand bonheur était de retrouver Carlo Brandt, le Méléagant de Kaamelott. Son jeu, sa voix grave et son charisme ont ajouté du mystique à l’épisode ‘Fantôme’. Bien trouvé, non?

Bref, il ne manquerait plus qu’une histoire sur Fred ou Hyppolite pour les connaître un peu mieux et relancer l’intérêt et on aurait un sans faute. Peut-être dans la saison 4. Vivement. Le double épisode final a réuni en moyenne 7.4 millions de téléspectateurs. Souhaitons le même succès à la prochaine saison.

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