2e tour de la présidentielle : au coeur des opérations de dépouillement

Reportage lors du dépouillement du 2e tour de l’élection présidentielle dans un bureau de vote de Villeurbanne. Qui de Sarkozy ou Hollande est arrivé en tête?

Il est 19h55 ce dimanche 6 mai. Au gymnase Louis-Armand de Villeurbanne, centre de vote où sont regroupés 4 bureaux, les derniers votants glissent leur bulletin dans l’urne. Les scrutateurs, volontaires qui vont procéder au dépouillement, sont déjà là.

La participation n’a cessé de progresser tout au long de la journée / F.H

Sur le mur, chaque bureau a installé un tableau blanc reprenant les chiffres de la participation au cours de la journée. Dans celui où j’ai voté, le 141, elle était ainsi de 79.59% à 19h.

20 heures a sonné. Il est temps de vider l’urne et de procéder au dépouillement / F.H.
                                                                                                 /F.H

Il est 20h. Le bureau ferme. On met en place 2 tables et on vide l’urne. Les bulletins sont dans un premier temps rangés en tas de 10 sur les tables, puis glissés dans une grande enveloppe en papier kraft par 100. Leur nombre total doit bien sûr correspondre au nombre de votants : 838.

Le dépouillement a commencé.
Concentration et organisation sont de mise / F.H

Les scrutateurs peuvent alors se mettre au travail. A chaque tablée, l’un d’entre eux ouvre les enveloppes et transmet le bulletin à celui qui annoncera le résultat. Deux autres scrutateurs sont chargés d’attribuer le suffrage aux candidats par une barre sur une grande feuille de résultats. Elle contient des lignes de 10 votes. Une dernière colonne pour les bulletins nuls est prévue. Les scrutateurs ont un stylo de couleurs différentes, qu’ils s’échangeront à chaque nouvelle enveloppe de 100 bulletins. Cela permet de compter les suffrages de chaque paquet de 100 plus facilement. A la fin, le nombre de bulletins et le nombre de barres pour chaque candidat sur les deux feuilles de résultats doivent évidemment correspondre. Sinon, on recompte.

Lorsqu’un bulletin nul est trouvé, il doit être signé par le secrétaire et les membres du bureau. On a ainsi trouvé par exemple un bulletin Marine Le Pen. Je découvre que lorsque deux bulletins du même candidat ont été glissés dans une enveloppe, le vote est valable. En revanche, on ne fait pas de différence entre blanc et nul. Lorsque par exemple l’enveloppe est vide, on considère que c’est un vote nul.

Les bulletins valides et les enveloppes sont remis en tas dans la grande enveloppe kraft. Seuls les nuls sont rangés dans une enveloppe à part.

Dans chaque centre de vote, la mairie nomme un coordinateur et un secrétaire, qui assistent le président du bureau et les assesseurs, volontaires. Pendant le dépouillement, le secrétaire commence à remplir les PV des résultats et autres formulaires officiels, et à ranger le matériel de vote dans une grande malle. Bref, il est loin d’être inactif. Lorsque les premiers 100 bulletins sont dépouillés, la coordinatrice transmet les résultats en mairie.

Traditionnellement, on transmet en mairie les 100 premiers résultats. Statistiquement, ils sont représentatifs du résultat final du bureau. Là, ils donnent Sarkozy devant.

Avec l’arrivée d’un 5e scrutateur en renfort, l’une des tablées est très organisée et va plus vite. Elle a ainsi eu l’idée de ranger les bulletins par paquets de 10 pour pouvoir plus facilement les compter à la fin. Elle dépouillera donc plus de la moitié des bulletins du bureau. Le doyen de la tablée, et apparemment habitué de l’exercice, s’en réjouit.

On va vite aujourd’hui. Mais il y a 15 jours, avec 10 candidats, c’était plus dur. Il y avait plus de sources d’erreur. Et il fallait recompter toutes les piles de bulletins.

Pour les autres, c’est une première. Intéressés par la campagne, ils ont accepté lorsque les membres du bureau leur ont proposé.

Ce n’est pas facile. Il y a beaucoup de bruit. On peut facilement se tromper. Il faut être concentré.

Un délégué du candidat Sarkozy est présent depuis le début du dépouillement. Il passe de bureau en bureau pour s’assurer qu’il n’y a pas d’irrégularité. Et récupérera le résultat final.

Il est 21h05 lorsque les 838 bulletins du bureau 141 sont entièrement dépouillés. Les 4 scrutateurs signent les 2 feuilles de résultats avant de les transmettre au secrétaire. Cela lui permet de remplir le PV, en 2 exemplaires. Score final : 455 pour Hollande, 349 pour Sarkozy et 34 nuls. Finalement, les 100 premiers bulletins dépouillés n’ont pas donné le résultat définitif. La participation est de 81.85%.

Les membres du bureau signent à leur tour les PV avant de s’en aller. Et c’est alors que tout le monde se demande ce que donnent les résultats à l’échelle nationale. Ayant écouté la radio, je leur précise que les estimations à 20 h donnent Hollande vainqueur à 51%.

Selon les chiffres définitifs, Hollande est arrivé en tête à Villeurbanne avec 58.01% des voix.

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