Rapports de force entre le PS et ses partenaires, état de la Droite et du FN, sort des nouveaux ministres : revue de détail des enjeux de ce scrutin
3e élections législatives à se dérouler tout de suite après la présidentielle depuis l’instauration du quinquennat, les élections des 10 et 17 juin prochains sont supposées donner une majorité à François Hollande pour lui permettre de gouverner. Mais rien n’est joué. Au vu du score serré du 2nd tour de la présidentielle, l’UMP croit encore en ses chances de victoire et en la possibilité d’installer une cohabitation avec l’Elysée. Et ils n’ont pas tout à fait tort.
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La photo de famille lors du premier Conseil des ministres du gouvernement Ayrault le 17 mai © Présidence de la République – P. Segrette |
Les législatives sont certes une élection à enjeu national. Le rejet du sarkozisme qui a abouti à la défaite du président sortant est encore présent, malgré le retrait de la vie politique de Sarkozy. Mais l’élection se joue aussi sur la popularité de personnalités locales, proches de leurs électeurs. Et là-dessus, les élus de droite ont leur carte à jouer. Ajoutez à cela le redécoupage des circonscriptions effectué en 2009, plutôt favorables la droite donc, et vous avez tous les ingrédients pour que ces élections soient incertaines.
Alors comment voteront les Français ? L’Assemblée nationale sera-t-elle acquise à François Hollande ? Le PS aura-t-il une majorité absolue à lui seul ou devra-t-il compter sur ses partenaires de gauche pour y parvenir ? Comment se portera l’UMP après le départ du leader Sarkozy ? Quels seront les scores du Front national et du Front de gauche, qui rêvent de réitérer leurs bons résultats de la présidentielle ? François Bayrou arrivera-t-il à se faire élire ?
Un remaniement à l’horizon
La composition du gouvernement peut se trouver bouleverser en fonction des nouveaux rapports de force. Un remaniement n’est pas à exclure pour une autre raison. La règle édictée par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault : tout ministre qui se présente aux législatives et qui perd devra démissionner. Najat Vallaud-Belkacem et Christiane Taubira ont ainsi préféré renoncer. Certains ont d’autres mandats et n’ont jamais eu l’intention de se lancer.
Restent donc 24 ministres sur 34 engagés dans les législatives, plus Michel Sapin qui est suppléant. Au vu des scores de François Hollande dans leurs circonscriptions respectives, certains ne sont pas trop en danger, notamment les sortants. D’autres auront en revanche fort à faire au vu de la réalité du terrain, comme Aurélie Filipetti dans la Moselle ou Stéphane Le Foll dans l’ancien bastion de la Sarthe de François Fillon. Cas à part, Cécile Duflot se présente pour la première fois à Paris. Or, les électeurs se méfient généralement des parachutages.
Je ne comprends pas cette règle. Nicolas Sarkozy l’avait appliquée à la tête du client avec ses ministres. Or, elle ne figure pas dans la Constitution.
Premièrement, les ministres n’ont pas besoin de légitimité électorale. Ils ont été nommés par le Président de la République, élu par les Français. Là réside leur légitimité. De plus, hormis Fleur Pellerin, novice en politique, ils ont tous déjà remporté des mandats électoraux. Ils n’ont donc rien à prouver de ce côté-là.
Une application étrange de la règle du non-cumul
Ensuite, quel intérêt pour l’électeur d’élire quelqu’un qui de toute façon ne remplira pas sa fonction et devra laisser sa place à son suppléant jusqu’à ce qu’il quitte éventuellement le gouvernement ?
Enfin, le PS me semble un peu en porte-à-faux par rapport au cumul des mandats. Ils nous ont répété à l’envie durant la campagne présidentielle et depuis la nomination du gouvernement qu’il y avait beaucoup de dossiers à gérer et que les ministres seraient tout de suite sur le pied de guerre. Comment vont-ils être à la fois ministre et candidat en campagne dans leur circonscription ?
Bref, à mon sens, il aurait été plus judicieux de tout simplement interdire à un ministre de se présenter à une quelconque élection tant qu’il est en fonction. C’est ce qu’a décidé Arnaud Montebourg. Il ne se présente pas à sa succession et se prépare à passer la main à la tête du Conseil général de Saône-et-Loire.
Après avoir décidé de présenter des candidats face à François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon (ils ont appelé à voter Hollande et représentent respectivement 11 et 9% de l’électorat) au lieu de leur laisser le champ libre, je vois dans cette règle la deuxième erreur du quinquennat de François Hollande.