Tour Eiffel : 120 ans d’amour avec le public

La grande Dame surplombe Paris et symbolise la France à elle seule à travers le monde. Mais comment vit-elle cette success story inattendue ? Interview imaginaire avec la tour Eiffel

 La Dame de fer symbolise la France à travers le monde / Collection Tour Eiffel
>> Madame la Tour Eiffel, vous avez plus de 120 ans aujourd’hui et vous êtes toujours aussi radieuse. Quel est votre secret ?

Arrêtez, vous allez me faire rougir. Je n’ai pas réellement de secret. J’ai juste des serviteurs dévoués qui me parent de mes plus beaux atours. On me repeint régulièrement, on renouvelle mes ascenseurs. Et vous avez vu les différentes illuminations qu’on me prépare ? Comment ne pas paraître magnifique dans ces conditions ? Vraiment, je n’ai aucun mérite.

Débuts de la construction de la tour /  Collection Tour Eiffel
>> Comment s’est déroulée votre construction ?

Contrairement à ce que beaucoup pensent, l’idée de ma construction ne vient pas de ce bon vieux Gustave, mais de deux ingénieurs de son équipe, Émile Nouguier et Maurice Koechlin. Ils ont répondu à un concours à projets lancé à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris en 1889. Ils ont songé à une tour de 300 m de haut, basée sur le principe des piles de ponts que l’entreprise maîtrisait bien. Ne me demandez pas de vous l’expliquer ! Et c’est leur idée qui a été retenue parmi 107 projets ! Ma construction a nécessité 18 000 pièces, 150 ouvriers, 2 500 000 rivets. Des chiffres qui donnent le tournis, n’est-ce pas ? Malgré cela, j’ai été achevée en 2 ans, 2 mois et 5 jours. Un record pour l’époque, qu’ont souligné vos prédécesseurs.

>> Dès le début des travaux, les critiques ont fusé, notamment de la part des artistes. N’était-ce pas dur à encaisser alors que vous ne vous étiez pas encore dévoilée ?

Oui, une lettre a été publiée dans Le Temps, signée par des artistes comme Charles Gounod, Guy de Maupassant ou Alexandre Dumas fils. Ils ont été durs, me traitant d’inutile et monstrueuse, de squelette de beffroi, de cheminée d’usine… Mais je ne leur en veux pas. Je crois qu’ils n’ont pas saisi la vision de mes créateurs. Ils m’ont vue comme une masse qui viendrait écraser les autres monuments et enlaidir Paris. Mais la réponse de M. Eiffel était juste : j’aurais ma beauté propre, que les théories sur l’art ne sauraient appréhender.

Gustave Eiffel, visionnaire et premier défenseur de la Tour
face à ses détracteurs / Collection Tour Efifel
>> Dès votre ouverture au public, le succès est au rendez-vous et ne se démentira pas. Quelle est votre réaction face à votre popularité internationale et à votre rôle de symbole de Paris ?

Je ne saurais l’expliquer. Je crois que ma popularité va au-delà de ce qu’avait imaginé mon cher Gustave. Pensez : j’ai reçu 2 millions de visiteurs pendant l’Exposition universelle de 1889. C’est colossal ! Aujourd’hui, nous dépassons les 6 millions par an. Dire que mes créateurs évaluaient ma durée de vie à 20 ans. Mais ce qui me touche, c’est que les artistes ont révisé leur jugement. J’ai inspiré Apolinaire ou Aragon, j’ai été peinte par Seurat, le Douanier Rousseau ou Chagall. J’apparais même très vite au cinéma, vous imaginez ? Et le mieux dans tout ça, c’est qu’on me reproduit à travers le monde et à différentes échelles : j’ai des petites sœurs à Lyon, à Liverpool, à Berlin, à Las Vegas et même en Chine, pays d’une muraille déjà impressionnante. Et ne parlons pas des répliques en porte-clé et autres babioles souvenirs qu’achètent les touristes. C’est comme si je voyageais à mon tour.

La Tour Eiffel surplombe Paris / B. Michaud ( Sete)

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