Plongée au coeur de l’un des Etats-clefs de l’élection présidentielle américaine du 6 novembre prochain : la Floride
La Floride fait partie des “swing states”, ces Etats dont le coeur balance entre partis républicain et démocrate. Elle est très disputée entre Mitt Romney et Barak Obama, qui y sont chacun allés plusieurs fois. D’autant plus que la Floride, Etat très peuplé, représente 27 grands électeurs, sur les 538 au total.
La population de la Floride connaît plusieurs particularités qui rendent l’issue de son vote incertaine. D’abord, elle comprend la plus grosse proportion de retraités du pays – 16.%, soit 4 points au-dessus du chiffre national. Ils sont attirés par le climat agréable et se regroupent dans des quartiers entièrement aménagés pour eux. Ensuite, la Floride est le troisième Etat en termes de population d’origine hispanique, 20%, contre 14% au niveau national. Mais contrairement à l’ensemble du pays, ce ne sont pas les Mexicains qui sont majoritaires mais les Cubains : près d’un million. Ils sont concentrés dans l’agglomération de Miami, et notamment dans le quartier de Little Havana.
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La Floride, appelé sunshine state, attire de nombreux retraités / F.H |
La Floride a basculé des démocrates vers les républicains depuis l’élection du gouverneur en 1999. La majorité des postes électifs importants ainsi que les 2 chambres de Floride sont détenus par les républicains. Au niveau local, les villes du Sud, urbanisées et métissées, sont plutôt démocrates, et celles du centre républicaines. Les 2 sénateurs sont l’un républicain, l’autre démocrate. Sur les 25 représentants, 19 sont républicains.
Le vote latino décisif
On peut comprendre pourquoi, pour ce qui est des élections présidentielles, c’est devenu un swing state depuis 1996. Le résultat final est difficile à prédire à partir des sondages. Lors de l’élection de 2000, qui opposait Al Gore à Georges W. Bush, cela s’est joué à 537 voix. En 2004, Obama l’avait emporté à 50.96%. Un exploit pour un démocrate, depuis la victoire de Clinton en 1996. Pour l’instant, le président sortant conserve une légère avance sur son concurrent dans cet Etat, avec 50% contre 46%.
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Dans le quartier de Little Havana, les Cubains se retrouvent pour jouer aux dominos notamment / F.H |
Et la clé sera bien sûr le vote latino, et notamment cubain et porto-ricain. Les Cubains ont jusque-là soutenu les candidats républicains, pour leur fermeté à l’égard du régime de Fidel Castro. Les anciens sont essentiellement conservateurs et très croyants, et se méfient d’une politique qui ressemblerait de près ou de loin au socialisme qu’ils ont fui. Les plus jeunes, en revanche, ne voient plus Fidel Castro comme un monstre et souhaitent une politique d’ouverture envers le régime de La Havane. Comment votera cette nouvelle génération?
Du côté des Porto-ricains, de plus en plus nombreux, les questions centrales sont celles de l’économie, eux qui sont venus aux Etats-Unis pour trouver du travail, et de l’immigration. A ce jeu, Romney ne semble pas avoir les réponses qu’ils attendent. Sa politique économique n’est pas favorable aux travailleurs mais aux nantis et sa politique d’immigration est jugée trop stricte.
Des atteintes au droit de vote
Autre sujet d’incertitude, l’offensive des républicains, en Floride et dans d’autres Etats, pour compliquer la tâche des électeurs, notamment ceux d’Obama. Remise en cause du vote le week-end avant le 6 novembre, obligation de fournir une pièce d’identité, purge des listes électorales, taxe, test d’alphabétisation, … Les atteintes au droit de vote sont légion et font bondir les associations de défense des droits civiques. L’objectif affiché est de lutter contre la fraude, qui est pourtant peu importante. Mais la vraie raison est évidente : empêcher les noirs, les pauvres, les étudiants, les hispaniques … de voter en masse. Autant d’électeurs potentiels d’Obama.
Le premier débat de la campagne, qui a eu lieu mercredi 3 octobre dernier, a vu Romney prendre l’ascendant sur son adversaire, qui est apparu trop en retrait, peu combatif et presque condescendant. Bref, Obama a déçu. Depuis, les sondages donnent alternativement l’un et l’autre gagnant. La seule certitude, c’est que l’écart se ressert. Rien n’est donc joué. Il reste 2 autres débats aux candidats pour définitivement emporter la décision.
Outre l’élection présidentielle, les électeurs de Floride, comme ailleurs, se prononceront aussi sur des scrutins locaux, des référendums ou des amendements à la constitution. Le bulletin de vote, qui regroupe toutes ces consultations avec des cases à cocher, sera le plus long de l’histoire. Les files d’attente avaient dépassé par endroit les 3 heures en 2008. Bon courage à eux et rendez-vous le 6 novembre pour le résultat final.