Carmen nous fait découvrir l’opéra

Pour ma première incursion dans l’univers lyrique, je suis allée voir Carmen, l’opéra de Bizet diffusé en direct depuis l’opéra Bastille dans les salles UGC

Séville, 1820. Non loin de l’entrée de la caserne, les ouvrières sortent de la manufacture des tabacs. Parmi elles, Carmen, une bohémienne. Tous les hommes se pressent autour d’elle mais elle n’en a cure. Tous, sauf Don José, qui ne semble pas l’avoir remarquée. Par défi, Carmen lui jette la fleur de son corsage. Leur destin est scellé. Commence alors une histoire d’amour tumultueuse, compliquée par la jalousie extrême de Don José et la soif de liberté de Carmen.

vivalopera.fr

Le pari de la démocratisation

Carmen est l’un des opéras les plus joués au monde et peut-être le plus populaire. D’après une nouvelle de Prosper Mérimée, Georges Bizet en a fait une tragédie en 4 actes en 1875. L’Opéra de Paris ne l’avait pas joué depuis 10 ans. C’est donc tout naturellement qu’Alain Duault, Monsieur musique classique sur France Culture, l’a intégré à la troisième saison de Viva l’Opéra dans les cinémas UGC. Jeudi 13 décembre, la représentation était retransmise en direct dans plusieurs salles à travers la France, depuis l’Opéra Bastille.

George Bizet / musicaeterna.fr
Prosper Mérimée / nndb.com

Cette opération permet de faire découvrir au plus grand nombre l’opéra, avec des représentations jouées sur les plus grandes scènes du monde. La programmation se veut, d’année en année, une plongée dans l’histoire de l’opéra, depuis les incontournables jusqu’aux plus pointus. Cette année, on retrouve, outre Carmen, Don Quichotte, Othello ou encore la Chauve-souris. Et le pari semble réussi. Certaines salles étaient complètes une semaine avant la représentation de Carmen. La bonne idée, c’est le petit reportage en coulisses avant la représentation. Alain Duault interviewe les membres de l’équipe, permettant de rentrer progressivement dans l’œuvre et d’en comprendre les enjeux. Le journaliste, très impliqué, nous fait partager sa passion pour l’opéra.

L’histoire d’une femme insoumise

L’histoire de Carmen est universelle et simple. Un homme aime une femme, qu’il voudrait posséder et contrôler. Mais celle-ci ne l’entend pas de cette oreille. Elle tient farouchement à sa liberté et ne supporte pas d’être contrainte par quiconque, même par l’homme qu’elle aime. Carmen est donc ultra moderne pour son époque, presque féministe avant l’heure. Et c’est ce qui, avec sa beauté et son sex appeal, fascine tous les hommes qui la croisent. La phrase clé de l’opéra est peut-être celle qu’elle prononcera juste avant d’être tuée par Don José, presque prémonitoire : “Libre je suis née, libre je mourrai”. C’est peut-être cette modernité qui a valu à Carmen de faire scandale lors de sa première représentation en 1875. Le succès est venu bien plus tard.

Anna Caterina Antonacci, interprète de Carmen / journal-terrasse.fr

Après recherches, il est apparu que Carmen était la meilleure oeuvre pour découvrir l’univers de l’opéra. Impression confirmée par le metteur en scène lui-même, Yves Beaunesme, dans son interview d’avant représentation. Histoire simple, musique accessible et morceaux très connus. Je pense à “L’Amour est enfant de bohème” bien sûr, mais il y en a d’autres. Et l’on se rend compte qu’on a en déjà entendus plusieurs, notamment grâce à la publicité, qui pioche allègrement depuis toujours dans ce répertoire, dès qu’ils tombent dans le domaine public. Le morceau d’ouverture, l’entrée du toréador,  ou encore l’ouverture des arènes sont archi connus, au moins en partie. Dans l’ensemble, et même si Carmen est une tragédie, les morceaux sont plutôt enjoués, alternant grandes scènes de groupes, avec des chœurs et de nombreux figurants, et solos, où l’on prend toute la mesure du talent des interprètes. La raison du succès de l’œuvre réside également dans l’alternance entre chants et dialogues, tel que l’avait écrit Bizet, qui ne dessert jamais l’intensité dramatique.

Un essai concluant

Que ce soit les solos ou les numéros de groupe, les acteurs/chanteurs sont impeccables, des premiers aux seconds rôles. La distribution est d’ailleurs internationale, à entendre les accents de certains. Mention spéciale aux enfants, mais aussi aux interprètes de Micaela et Escamillo, qui avaient je trouve des parties techniquement plus ardues que les premiers rôles et les ont admirablement chantées. Le public ne s’y est pas trompé et les a applaudis chaleureusement.

La réalisation était parfaite. Le spectateur n’a rien raté, que ce soit les scènes de groupes ou le jeu des comédiens. En revanche, petit retard parfois sur les sous-titres.

Pour moi, ce fut donc une expérience intéressante. Carmen était vraiment un bon choix pour une première à l’opéra. D’une durée de 3 heures, nous n’avons pas vu le temps passer. A renouveler peut-être, en sélectionnant soigneusement une œuvre tout aussi accessible.

Carmen, de Georges Bizet. Livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy, d’après la nouvelle Carmen, de Prosper Mérimée. Orchestre et choeurs de l’Opéra national de Paris. Direction musicale : Philippe Jordan. Mise en scène : Yves Beaunesne

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