A la découverte du monde troglodyte en Anjou

Recensant la plus grande concentration de caves troglodytes de France, le département du Maine-et-Loire se structure peu à peu autour de ce patrimoine riche et divers

 

Il y a des millions d’années, lorsque la mer s’est retirée, elle a laissé derrière elle des roches en Anjou. Sur les coteaux, le long de la Loire, les caves de tuffeau ont été creusées par l’homme pour exploiter la pierre dans la construction des châteaux. Les galeries ont également servi de refuge pendant les invasions, car elles étaient très difficiles à prendre d’assaut.

Le site de Pierre et Lumière, à Saint-Hilaire-Saint-Florent, présente les sculptures de Philippe Cormand réalisées en pierre de tuffeau. Il a représenté les plus beaux monuments et édifices de la région. Ici, la cathédrale de Tours / Pierre et Lumière

Tout un réseau de galeries de tuffaut

Le domaine de Brézé présente ainsi tout un réseau bien antérieur à la construction du château de surface. Tout avait été prévu pour y vivre, tout en continuant à exploiter les ressources de la ferme. Par la suite, les paysans ont investi ces caves, faute de moyens de construire en dur. Certaines ont ensuite été reconverties en champignonnières ou caves à vin. On peut ainsi visiter la Cave aux moines, dans les environs de Saumur, qui produit trois variétés de champignons, servies dans son restaurant.

Saumur compte quatre grandes maisons viticoles qui ouvrent leurs portes au public. La particularité de la Maison Veuve Amiot : c’est un site de production de saumur et de crémant de Loire que l’on visite gratuitement. On découvre le processus d’élaboration du vin sur 5 km de galeries, depuis la vigne jusqu’à la mise en bouteille, le tout en méthode traditionnelle. L’entreprise est marquée par la personnalité de la veuve Amiot, qui a créé cette maison familiale à la mort de son mari, en 1884. Elle était très moderne en ce qu’elle avait compris l’importance du marketing et de la publicité. Elle traitait ses employés avec beaucoup d’humanité, leur offrant des avantages rares pour l’époque, comme des allocations familiales ou des crèches.

 
La boutique du tailleur de pierre, au Village des métiers d’art de Turquant / F. H.

Les petites communes d’Anjou essayent de préserver ce patrimoine en réhabilitant les galeries pour éviter leur effondrement. C’est ainsi qu’à Turquant, un Village des métiers d’art a été créé. Les artisans y ont installé leur atelier. Une boutique, une librairie et un café complètent l’offre.

En plaine, le falun est roi

En plaine, c’est la pierre de falun qui prévaut. Ici, les caves sont en contrebas de la rue. Il faut donc baisser le regard pour apercevoir les entrées. Plus récent que le tuffeau, le falun était supposé bien conserver les tissus. L’économie locale avait donc prospéré grâce à la fabrication de sarcophages, notamment à Doué-la-Fontaine, avant de péricliter avec l’expansion de la religion catholique. Les galeries ont là aussi été utilisées comme refuge. Avec le guide Philippe Perdereau, partez pour un voyage dans le temps entre culture et humour au cœur d’un site de production classé Monument historique, Troglodytes et sarcophages.

En plaine, les galeries creusées sous le niveau de la rue ont créé des caves cathédrales / F.H

Toujours à Doué, le site des Perrières vous plonge dans une mise en scène soignée destinée à mettre en valeur les différentes salles creusées par l’homme, appelées caves cathédrales. Le falun servait à la fois à construire mais aussi à fertiliser les terres.

Le site des Perrières met en valeur les galeries de falun dans une très belle mise en scène artistique / Terre de Pixels

Arrêtez-vous au Bioparc de Doué. Ce zoo créé en 1961 est atypique à plusieurs points de vue. D’une superficie de 14 ha, il est établi au cœur des carrières de falun creusées sur plusieurs niveaux. Les différentes zones exploitent à plein cet environnement particulier, recréant au plus près les habitats naturels du millier d’animaux accueillis. Ceux-ci bénéficient d’une végétation luxuriante, arrosée de nombreuses cascades. Le Bioparc a fait de la préservation de la biodiversité l’un de ses chevaux de bataille. La moitié des 132 espèces représentées sont ainsi en voie de disparition dans leur pays d’origine. Le zoo soutient depuis 12 ans des projets de conservation in situ au Pérou, en Argentine, à Madagascar ou encore en Mongolie par exemple.

Plusieurs incontournables pendant votre promenade : le camp de girafes, juste en face du restaurant, la grande volière sud-américaine, où 500 oiseaux de plus de 30 espèces cohabitent harmonieusement, le sanctuaire des okapis, ouvert l’an dernier, ou encore la grotte des renards volants et la vallée des rhinocéros noirs.

Atypique aussi dans sa gestion, puisque le Bioparc est dirigé par Pierre et François, fils et petit-fils du fondateur, Louis Gay.

Au Bioparc, pendant que vous déjeunez, les girafes vous observent / Stéphen Clément – Anjou Tourisme

Non loin de là, le village troglodyte de Rochemenier présente deux anciennes fermes organisées autour d’une cour en pente. Vous verrez comment les paysans s’étaient concrètement organisés pour tirer le meilleur de cet environnement.

Hôtels ou restaurants, il y a le choix

Outre ces sites à visiter, les restaurants et les différents modes d’hébergement vous permettront de passer un séjour 100 % troglodyte en Anjou. Si vous êtes plutôt chambre d’hôtes, optez par exemple pour “Farfadine et Troglo“, créé par Karine et Christophe Chopin à Doué-la-Fontaine. Elle est céramiste, lui enseignant. Ils ont transformé des caves-cathédrales en deux chambres d’hôtes de très bon goût, autour d’une petite cour végétalisée. Avec leurs deux enfants, ils y habitent eux-mêmes.

L’une des chambres de Farfadine et Troglo, aménagées dans des galeries de falun à Doué / F. H

Si vous préférez un hôtel, essayez le Rocaminori, ouvert en septembre à Rochemenier. Après le restaurant créé par le père Philippe, le fils Fabrice et sa femme Valérie ont aménagé 15 chambres entièrement troglodytes juste à côté.

Dans les restaurants, laissez-vous tenter par la fouée, plat troglodyte traditionnel. Autrefois, pour vérifier la température du four à pain, on avait l’habitude d’y lancer une boule de pâte : si elle cuisait rapidement, le four était prêt. À garnir selon vos envies, de préparations sucrées ou salées. De quoi remonter le temps à peu de frais.


www.anjou-tourisme.com
 



 

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