Oise : ces décors qui ont marqué l’histoire du cinéma

Qu’ont en commun Les Visiteurs, La Belle et la Bête, Bonaparte, Palais Royal, Marie-Antoinette, Peau d’âne ou Les Garçons et Guillaume, à table! ou l’Homme au masque de fer? Ces films ont été tournés dans le département de l’Oise. Depuis le début du XXe siècle, plus de 300 films y ont été tournés. Idéalement située à une vingtaine de minutes de Paris, par la Gare du Nord, l’Oise attire les cinéastes par ses décors naturels et son patrimoine architectural. Zoom sur quelques sites privilégiés.

Senlis

Cette petite ville de plus de 16 000 habitants a été rapidement repérée par les cinéastes. Elle bénéficie en effet de décors naturels bien préservés : ruelles médiévales, places, monuments historiques, hôtels particuliers et caves gothiques. On doit ce miracle à l’absence de train, qui a évité à Senlis d’être bombardée pendant la guerre. Résultat : 150 films y ont été tournés, le record du département, mais aussi les séries Soeur-Thérèse.com de TF1, Nicolas Le Floch sur France 2 et Versailles de Canal+.

Le premier film tourné à Senlis remonte à 1935. Il s’agissait d’un muet. Depuis, c’est sans arrêt. Des équipes viennent régulièrement faire des repérages. J’ai pu assisté à de nombreux tournages. Les professionnels m’expliquaient que non seulement Senlis est proche de Paris et ses studios, mais en plus, cela leur coûte moins cher de venir tourner ici. Les extérieurs servent souvent à figurer le Paris ou le Marseille médiéval ou du début XXe siècle. Avec les rues pavées, cela fonctionne très bien. Puis les intérieurs peuvent être à Versailles ou un autre château. Parfois, un personnage ouvre une porte et entre dans un bâtiment à Senlis, puis entre et se retrouve ailleurs. Et par la magie du montage, le spectateur a l’impression que c’est au même endroit. 


Alexandrina Cap est guide conférencière à Senlis et organise des visites de la ville. Avec notamment un circuit consacré au tournage de l’un des films les plus prestigieux tournés dans la ville, Séraphine, avec Yolande Moreau, qui a remporté 7 Césars. Le parcours amène le visiteur dans la maison où l’artiste a vécu, sur les différents lieux de tournage et au musée de Senlis, où ses peintures sont exposées.

Au-delà du cinéma, Senlis regorge d’autres trésors. Les Romains ont protégé la ville d’une muraille de 4m d’épaisseur flanquée de 30 tours dont la majeure partie subsiste encore. Le musée d’art et d’archéologie est d’ailleurs construit contre la muraille, dont on peut en voir les fondations dans la partie inférieure du musée. Ruines du château royal et prieuré Saint-Maurice, cathédrale Notre-Dame, marquée par l’évolution de l’art gothique, chapelle Saint-Frambourg et ses vitraux dessinés par Mirò, abbaye Saint-Vincent devenu lycée, musée de la Vénerie dédiée à l’art de la chasse à courre : vous ne manquerez pas de point d’intérêt à Senlis.

Château médiéval de Pierrefonds

C’est à l’orée de la forêt de Compiègne que se dresse le célèbre château de Pierrefonds, forteresse médiévale qui fend le ciel dans son armure de pierre. Le château fut assailli, démantelé, oublié, ruiné puis réhabilité en 1857 lorsque le génial Viollet-le-Duc réinterpréta les codes du Moyen Âge pour livrer une œuvre fantasque et flamboyante, à la demande de Louis-Napoléon Bonaparte. Doubles remparts, échauguettes, meurtrières, mâchicoulis et chemins de ronde : du donjon aux huit tours crénelées en passant par la cour d’honneur délirante envahie d’effrayantes sculptures et de gargouilles grimaçantes, le cinéma a trouvé ici un décor naturel que même les pros du carton pâte n’auraient jamais pu imaginer ! C’est ainsi qu’y furent tournés Les Visiteurs, Jeanne D’Arc ou Highlander. Mais l’on doit sans doute la renommée internationale de ses décors à Merlin, la célèbre série de la BBC, dont une grande partie des 65 épisodes ont été tournés dans l’enceinte.

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La particularité du château est qu’il n’a pas eu le temps d’être meublé, puisque l’empereur fur chassé du pouvoir avant de pouvoir y emménager. Mais Viollet-le-Duc a imaginé des sculptures, des boiseries, un décor peint, des meubles, tout un ensemble qui annonce parfois plus l’Art nouveau des années 1900 que le retour au Moyen Âge. Dans la salon de réception, les murs représentent divers emblèmes et blasons de souverains peints par la technique dite de peinture au pochoir. Se côtoient dans cet ensemble l’Aigle impérial de Napoléon III et le porc-épic de Louis XII. Puisqu’elles sont dépourvues de meubles, plusieurs salles servent d’exposition : sculptures de plâtre, maquette du château, prieuses… Le souterrain abrite des gisants et des orants, copies de ceux de la basilique Saint-Denis, représentant de nombreux personnages de la monarchie et de l’empire, en son et lumière.

Domaine de Chaalis

Devenue une habituée des petits et grands écrans, l’Abbaye royale de Chaalis est bookée 60 jours par an pour réserver son étonnante architecture aux tournages de clips, de films ou de publicités. Les raisons de son succès : située dans un domaine de 1 000 hectares, l’ancienne abbaye cistercienne du XIIe siècle a vu toutes les époques. C’est en 1219 que ce lieu fut consacré par l’évêque de Senlis. La chapelle fut construite sous Saint-Louis, et est ornée de fresque du Primatice. En 1735 fut construite l’aile nord du cloître, qui fut transformée en château au XIXe par Mme de Vatry.

Ayant visité le château et adoré le site plus jeune, Nélie Jacquemart-André décide de le racheter et poursuivre l’œuvre de Mme Vatry. Grande voyageuse et grande passionnée d’art, elle va réunir l’une des plus importantes collections de notre temps, de toutes les époques et de toutes les régions du monde. Au cœur du château, le musée, qui présente aussi du mobilier dans certaines pièces, a servi de décor à des films – Napoléon, Les Rois maudits ou Raid –  mais aussi des publicités ou des séances photos. L’avantage pour les accessoiristes, c’est qu’ils ont presque tout à demeure, selon les époques concernées.En extérieur, les ruines de l’abbatiale, la chapelle Sainte-Marie ornée de fresques du XVIe siècle, l’immense parc, la roseraie et les étangs complètent idéalement le site.
 

Château de Compiègne

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Compiègne abrite abrite l’un des plus beaux châteaux de l’architecture néo-classique installé en bordure de forêt.  S’il a été imaginé par Louis XV, c’est Napoléon 1er et Napoléon III qui l’ont habité. Le Musée du Second Empire et les appartements impériaux somptueux restitués à l’identique, sont des trésors pour les chefs décorateurs et les accessoiristes. Y ont ainsi été tournés La Reine Margot, Napoléon et Palais royal. Faites un tour dans le parc, avec son jardin des roses, et arrêtez-vous au salon de thé pour une pause gourmande.

Château de Chantilly

 

/ F. H.

Le domaine de Chantilly est l’œuvre d’Henri d’Orléans, duc d’Aumale, qui en a hérité mais a dû s’exiler à Londres après la Révolution de 1848. Patiemment, il constituera une collection d’art fascinante qui est présentée au Musée Condé au cœur du château, avec notamment les chefs d’œuvre de la peinture italienne et française. La bibliothèque et les archives conservent un riche fonds d’ouvrages, cartes et documents écrits. Le domaine est composé du Musée du cheval, dans l’enceinte des plus grandes écuries d’Europe, et d’un parc de 115 ha dessiné par Le Nôtre. Souvent utilisé comme réplique de Versailles, difficile à réserver, Chantilly a accueilli de grosses productions comme Marie-Antoinette, Dangereusement vôtre ou Le Jour le plus long.

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