Etablissements d’enseignement professionnel, les écoles de production réunissent école et entreprise sur un même site, proposent une pédagogie basée sur les commandes de vrais clients.
L’an dernier, environ 80 000 jeunes sont sortis du système scolaire sans diplôme de fin d’études secondaires (CAP ou Bac). Un chiffre en baisse depuis 2011 car
la lutte contre le décrochage scolaire est devenue une priorité pour les gouvernements successifs. En effet, outre les impacts négatifs sur l’estime de soi, cela représente un risque important d’inemploi pour ces jeunes.
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En atelier, chaque élève est sur une machine / F. H. |
L’une des réponses face au décrochage réside dans les écoles de production, ces établissements privés hors contrat d’enseignement technique où école et entreprise sont réunies. Corentin Rémond, délégué général de la Fédération nationale des écoles de production, nous explique la philosophie et la pédagogie.
Le principe, c’est faire pour apprendre. Les élèves sont placés en situation réelle de production dans un atelier, où ils répondent à des commandes de vrais clients. Ils sont formés par des maîtres professionnels. Ils passent 2/3 de leur temps en atelier.
4 écoles de production dans le Rhône
Le premier public cible, ce sont justement les jeunes de 15 à 18 ans en décrochage scolaire, qui y trouvent leur voie via un apprentissage plus professionnalisant. Henri Morel, président de l’association de l’Atelier d’apprentissage de Gorge de Loup, confirme.
Ici, les jeunes apprennent un métier en le pratiquant réellement. Ils savent pour qui ils travaillent et retrouvent une utilité sociale. Et les enseignements généraux sont envisagés à la lumière de leur utilisation dans la production. Ils ne sont pas déconnectés de la réalité. Et ça change le regard et l’attitude des jeunes. Ils reprennent confiance et le goût d’apprendre.
La première école a été créée en 1882 à Lyon, les Ateliers d’apprentissage de l’industrie. Aujourd’hui, il y en a 25 en France, accueillant 800 élèves. Dans l’industrie, mais aussi les espaces verts, la restauration, ou encore le textile médical et technique.
Dans le Rhône, on compte 4 écoles de ce type : Boisard à Vaulx-en-Velin (bâtiment, industrie et automobile) – la plus ancienne, La Giraudière à Brussieu (construction et industrie), Gorge de Loup à Lyon 9e (industrie) et Eden School à Villeurbanne (numérique), la dernière née.
A l’école de Gorge de Loup, créée en 1950, 47 élèves préparent un CAP Conducteur d’installation de production et un Bac pro Technicien d’usinage. Elle peut compter sur 160 clients, grandes entreprises comme la SNCF ou les chocolats Voisin, artisans ou particuliers, qui lui confient des pièces à fabriquer ou réparer. Les élèves sont soumis à un rythme d’entreprise : 7h30 – 17h, une semaine de vacances au lieu de deux, 24h de pratique par semaine. Le directeur Daniel Chambodut nous en dit plus.
Nos classes sont réduites. Cela permet un suivi personnalisé, notamment sur les enseignements généraux, pour s’adapter au niveau de chacun. En atelier, chaque élève est sur une machine. On leur confie des tâches en fonction de leur niveau. Et les maîtres professionnels sont d’anciens élèves de l’école.
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Les élèves répondent à des commandes de vrais clients / F. H. |
Un partenariat avec les branches professionnelles
Cette pédagogie explique les bons résultats : 93% de réussite aux examens. 45% des élèves choisissent de poursuivre leurs études. Pour des jeunes qui semblaient fâchés avec l’école, c’est une victoire.
L’autre intérêt de ces écoles réside dans le partenariat avec les branches professionnelles pour créer des formations répondant aux besoins des territoires. Le but étant d’assurer des débouchés aux élèves. Ainsi, deux écoles de production ont ouvert à la rentrée dernière à Chalon-sur-Saône et Besançon sous l’impulsion de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie, qui peine à recruter à cause d’une inadéquation entre les profils recherchés et les jeunes qui sortent de formation, sans parler d’une mauvaise image de ces métiers. Et ce alors que les besoins de main-d’œuvre sont importants, grâce à la reprise qui se fait sentir. Résultat : les écoles affichent un taux d’insertion professionnelle de 100%. Et les élèves ont des propositions d’embauches avant même leur sortie.
Dans le but de donner sa chance à chacun, les écoles de production sont gratuites. Daniel Chambodut nous explique les modes de financement.
Nos classes sont réduites. Cela permet un suivi personnalisé, notamment sur les enseignements généraux, pour s’adapter au niveau de chacun. En atelier, chaque élève est sur une machine. On leur confie des tâches en fonction de leur niveau. Et les maîtres professionnels sont d’anciens élèves de l’école.
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Les écoles affichent un taux de réussite aux examens de 93% / F. H. |
Pas de sélection
Enfin, il n’y a pas de sélection. Seule la motivation compte. Après un stage de découverte d’une semaine au sein de l’école, le jeune confirme son intérêt et s’engage. Les bulletins de note ne sont consultés que pour prendre connaissance du niveau des élèves et organiser au mieux les classes.
Pour poursuivre son action, l’école de Gorge de Loup s’agrandit sur le terrain voisin. L’atelier va ainsi gagner 312 m2 pour passer à 962. Des enseignants ont également été recrutés pour continuer à encadrer au mieux les élèves.
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