Les cas de rougeole se multiplient en Europe et en France : l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a comptabilisé 41 000 cas depuis janvier 2018. En France, 3 décès sont déjà à déplorer. En cause, la faible couverture vaccinale, certains parents refusant de vacciner leurs enfants par méfiance.
L’OMS et la communauté médicale s’alarment : une recrudescence de la rougeole est constatée en Europe, depuis le début de l’année 2018, avec 41 000 cas déjà comptabilisés, un nouveau record. Il s’agit de personnes pas ou mal vaccinées, de nourrissons non encore vaccinés et de personnes immuno-déprimées qui ne peuvent être vaccinées.
Le virus se transmet par contact direct ou par l’air, via les voies respiratoires. Il provoque une forte fièvre, de la toux, des yeux rouges, de la fatigue et une éruption de petites taches très rouges, d’abord sur le visage.
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La vaccination est le meilleur rempart contre les maladies infectieuses.
Image: André Panneton/ iStock https://www.lematin.ch/
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La maladie est mortelle dans 30% des cas, en une dizaine de jours. Elle peut causer des complications sévères, qui peuvent se manifester des années après la contamination, d’ordre respiratoire, neurologique, avec comme séquelle une altération des capacités mentales, de l’épilepsie ou bien une paralysie.
En France, l’épidémie est partie de Gironde en novembre dernier et ne cesse de s’étendre depuis. 85 départements sont désormais touchés. 3 décès sont déjà enregistrés.
Le vaccin, une protection efficace et collective
Simple et peu couteux, le vaccin reste l’outil le plus efficace contre les maladies infectieuses comme la rougeole. Selon l’OMS, 2 à 3 millions de décès ont été évités à travers le monde grâce aux vaccins contre la diphtérie, le tétanos, la rougeole et la coqueluche
La vaccination est importante à un niveau individuel mais également collectif : les nourrissons, les personnes immuno-déprimées et toutes celles qui ne peuvent être vaccinées pour diverses raisons comptent sur la protection collective pour ne pas tomber malade. Sans compter que chez ces sujets-là, les risques de complications sont accrus.
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La vaccination expliquée par l’Inpes http://inpes.santepubliquefrance.fr |
Une faible couverture vaccinale en France
La France connait une couverture vaccinale insuffisante pour venir vraiment à bout des maladies concernées. Pour la rougeole, Santé publique France rappelle que seuls 79% des nouveau-nés reçoivent les deux doses de vaccin nécessaires pour une protection optimale alors qu’il faudrait une couverture de 95%.
Le problème : la défiance des Français envers les vaccins. D’après une enquête de Santé Public France, 25% de la population en a une opinion favorable, avec des variations selon les vaccins. Le vaccin DTP reste par exemple en bonne position, car le rapport bénéfice risque est positif. A l’inverse, les vaccins contre la grippe, le papillomavirus ou l’hépatite B sont encore très mal vus.
Le suivi et la recherche sur ces adjuvants bénéficient d’un recul de 90 ans, sur des centaines de millions de doses injectées. Les effets secondaires observés ne sont pas suffisamment sévères pour justifier leur retrait du marché.
L’autre grande polémique concerne le lien entre vaccin ROR (rougeole, oreillon, rubéole) et autisme, suite à une étude de 1998 par un chercheur britannique depuis désavouée par la communauté scientifique car falsifiée. Depuis, d’autres études plus sérieuses ont démontré l’absence de lien entre vaccin et autisme. Mais qu’importe : la couverture vaccinale à travers le monde avait chuté, causant des résurgences de la rougeole.
11 vaccins obligatoires depuis le 1er janvier 2018
Pour améliorer la couverture vaccinale et lutter contre le retour de maladies qui étaient sous contrôle, le gouvernement a décidé de porter de 3 à 11 le nombre de vaccins obligatoires depuis le 1er janvier 2018. Jusque là, seuls étaient obligatoires les vaccins contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. 8 autres étaient seulement recommandés :
- la coqueluche,
- la rougeole,
- les oreillons,
- la rubéole,
- l’hépatite B,
- la bactérie Haemophilus influenzae,
- le pneumocoque
- le méningocoque C
Désormais, ils sont également obligatoires pour les enfants qui entrent en crèche, à l’école ou en colonie de vacances. La calendrier vaccinal prévoit 19 injections – certains vaccins étant regroupés – entre 2 et 18 mois. Les parents récalcitrants ne se rendent plus coupables d’infraction pénale, sauf si leur enfant tombe malade et/ou contamine d’autres enfants.
Cela ne changera pas grand chose pour les parents puisque 70% des enfants étaient déjà vaccinés contre les 8 nouvelles maladies. Ces 11 vaccins ont été choisis car les maladies concernées sont suffisamment graves pour nécessiter une augmentation de la couverture afin d’éviter leur propagation. Leur nombre peut évoluer à la hausse comme à la baisse suivant l’état des contagions.