Un cardiologue a imaginé une plateforme numérique avec notamment une pré-consultation. Ce qui permet de raccourcir les délais de rendez-vous et fluidifier la prise en charge des patients.
Après 15 ans de pratique à la clinique du Tonkin, Fadi Jamal, cardiologue, a pu se rendre compte des difficultés dans sa spécialité. « Les médecins sont débordés par les tâches administratives qui les éloignent de leur cœur de métier, c’est-à-dire s’occuper du patient. Du côté des patients, les délais d’attente pour un rendez-vous sont extrêmement longs. «
Le développement du numérique va donner l’opportunité au cardiologue de réfléchir à une solution. Avec la start-up qu’il crée, il s’associe à l’équipe Santé du groupe Sword, société de conseils et de logiciels, pour élaborer une plateteforme, Izycardio, lancée en 2016. « Disponible sur Internet, Izycardio propose 3 services. D’abord, une pré-consultation, c’est-à-dire la transmission d’informations par le patient avant la consultation pour évaluer son besoin, le niveau d’urgence de son problème et programmer des examens éventuels. Ainsi, on peut proposer un rendez-vous le lendemain si c’est nécessaire. Sinon, ce sera entre six et dix jours. Ensuite, la télé-consultation, qui évite au patient de se déplacer, permet de faire un suivi ou communiquer des résultats d’examen. Enfin, le dossier informatisé du patient, consultable par tous les professionnels de santé, rassemble les informations utiles. »
Un centre de cardiologie avec délégation de tâches
Ces outils sont déployés au sein du cabinet que Fadi Jamal a ouvert en avril, Cardioparc, juste en face de la Clinique du Parc. Entouré des deux infirmières, deux assistantes et un manager, il peut déléguer certaines tâches. La prise en charge est plus rapide et plus fluide, grâce à des horaires élargis. « L’infirmière commence la visite et peut effectuer un électrocardiogramme par exemple. Ainsi, même l’attente en cabinet est plus courte. »
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| Fari Jamal (en bas à gauche) est entouré d’infirmières, d’assistantes et d’un manager au sein du cabinet Cardioparc. / F. H. |
Déjà disponible gratuitement pour les cardiologues, le praticien espère convaincre d’autres de ses confrères. « D’autres spécialités peuvent l’utiliser. Cela suppose que les médecins l’adaptent à leurs propres pratiques et problématiques. »
Un modèle appelé à se développer
Pour l’heure, l’objectif est d’ouvrir d’autres centres de ce type en France, notamment dans des zones moins pourvues en offre de soins. Un projet est déjà en cours autour de Lyon pour 2020. « Aujourd’hui, les patients viennent de loin pour nous consulter, parce que nos délais sont courts. En moyenne, ils font 20 km de route. Cela prouve qu’il y avait un réel besoin. »
L’équipe cherche donc à recruter d’autres cardiologues et infirmiers. Pour le Dr Jamal, c’est un débouché intéressant pour les praticiens. « L’exercice dans ce type de cabinet offre une troisième voie entre le salariat en hôpital ou clinique, qui ne répond pas à toutes les attentes des professionnels, et la pratique libérale, qui implique d’autres difficultés. »
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| Avec Izycardio, plus le patient donne d’informations en amont, mieux il est pris en charge/ Capture d’écran |
Le médecin reconnaît que son système demande plus d’implication au patient. « C’est vrai que la réussite du dispositif repose sur la volonté du patient de jouer le jeu. Mais c’est pour son propre bénéfice. Plus il donne d’informations et mieux il sera pris en charge. »
Dr Jamal entrevoit également les possibilités offertes par son outil en terme de prévention. « Les coûts des soins augmentent en cardiologie. Grâce à la télé-consultation, on peut accentuer le volet prévention. On peut même envisager des interventions en entreprise pour délivrer nos messages. «
Cardioparc, 93 rue Louis Guérin, Villeurbanne. Téléphone : 04 78 13 04 13