Les associations caritatives alertent sur la montée de la pauvreté

Avec la crise sanitaire, la crise sociale a déjà frappé. C’est ce que constatent les associations caritatives, qui voient arriver de nouveaux publics parmi leurs bénéficiaires de l’aide alimentaire. Elles prédisent que la barre des 10 millions de pauvres sera franchie.

La banque alimentaire lance son grand week-end de collecte nationale du 27 au 29 novembre. Cette année, les besoins sont encore plus criants. Les associations voient le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire augmenter à cause de la crise du Covid, avec les plans sociaux annoncés et les cessations d’activité d’artisans et d’indépendants.

Banques Aimentaires – Rouen – Banque d’Images

C’est le sens du baromètre Ipsos du Secours populaire français sur les conséquences de la crise. 1 Français sur 3 a subi une perte de revenu, malgré les dispositifs de chômage partiel. 38% ont déjà connu la pauvreté. Conséquence : de plus en plus de Français se serrent la ceinture sur la nourriture pour pouvoir payer loyers et factures.

Une augmentation de 30% de l’activité

Beaucoup de Français se tournent également vers l’aide alimentaire pour pouvoir se nourrir. 8 millions de personnes en bénéficient. Pendant le confinement, loin de fermer leurs services, les antennes des différentes associations ont vu leur activité augmenter pour réponde à une demande en hausse. C’est le cas du Secours populaire français du Rhône, dont les 25 structures sont restées ouvertes et qui a suivi 17000 personnes en 2019. « Nous avons enregistré une hausse de 30% de notre activité pendant le premier confinement, relate Sébastien Thollot, secrétaire général du Secours populaire français du Rhône. C’est en partie dû à la fermeture d’autres associations et au télétravail des travailleurs sociaux. Mais c’est aussi dû à une explosion de la précarité. »

L’association s’est donc organisée autrement pour permettre aux bénéficiaires de récupérer leur panier, avec impression des attestations de sortie et livraison de ceux qui ne pouvaient pas se déplacer. Après le déconfinement, l’activité a diminué, sans revenir toutefois au niveau d’autrefois. « Nous voyons arriver de nouveaux publics. 45% des personnes aidées cette année n’étaient pas connues de l’association avant. Notamment des étudiants, qui n’ont pas obtenu de job d’été et n’ont donc pas de revenu pour leur année scolaire. Leur budget est extrêmement contraint. Cela rend leurs études compliquées car ils doivent s’équiper en matériel informatique, abonnement internet, etc. Et puis avec les plans sociaux annoncés, l’indemnisation chômage étant temporaire, ceux qui sont âgés et ont du mal à trouver un emploi risquent de basculer dans la précarité. »

Des mesures gouvernementales insuffisantes

L’association était déjà saturée par la demande avant le confinement. « Nous avons beaucoup de femmes seules avec enfants qui ne touchent pas de pension alimentaire. Mais aussi de plus en plus de seniors de plus de 60 ans et des mineurs isolés qu’on prend en charge pour éviter qu’ils ne finissent à la rue ou dans un squat. »

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Pour le professionnel, il est urgent d’adopter une politique sociale à la hauteur des enjeux. Le gouvernement a pris quelques mesures : repas en resto U à un euro pour les boursiers, 150 euros d’aide exceptionnelle pour les bénéficiaires du RSA et de l’ASS, les étudiants boursiers et les jeunes de moins de 25 touchant l’APL, l’augmentation de l’allocation scolaire, plan « un jeune, une solution » renforcé. Mais c’est loin d’être suffisant aux yeux du monde associatif. Surtout au regard du budget consacré à la relance économique. Les associations réclament une augmentation des minimas sociaux, et notamment 100 euros de plus sur le RSA, et son ouverture aux moins de 25 ans.

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