Santé commune, centre de santé à vocation sociale

L’équipe de 10 salariés et 5 bénévoles de Santé commune, installé à Vaulx-en-Velin, viennent en aide aux personnes les plus éloignées de l’accès aux soins, en levant les freins qui les empêchent de prendre leur santé en main

Au pied du 14 avenue Voltaire à Vaulx-en-Velin, en plein cœur de quartier en centre-ville, s’est installé un centre de santé un peu particulier. Santé commune est en effet associatif et communautaire. Il ne dépend pas d’une collectivité ou de la Sécurité sociale. Les praticiens sont salariés et non en libéral, sans réel chef. Et surtout, sa philosophie prône le décloisonnement entre médical et social et la nécessité d’aller chercher les populations les plus éloignées de l’accès aux soins.

Tout a commencé lorsque des professionnels du médico-social ont pris conscience de la nécessité de proposer un soin global au patient. “Pour eux, la séparation entre social et médical n’avait pas de sens. Car les déterminants sociaux influent sur la qualité de vie mais aussi sur l’accès aux soins. C’est à nous professionnels de nous adapter aux difficultés de ces populations et non l’inverse”, souligne Camille Salmon, chargée de projet.

Une partie de l’équipe de Santé commune, dans l’espace d’accueil / Photo F. H.

La médiation en santé, pour favoriser l’accès aux soins

A Santé commune, les consultations auprès des généralistes ou de la sage-femme durent 30 minutes. Le centre de santé pratique le tiers-payant intégral et propose gratuitement un interprète. “Cela nous paraît indispensable pour communiquer avec nos patients. Mais je connais des médecins qui refusent.” Et surtout, une professionnelle de la médiation en santé fait le point avec les patients sur leurs problématiques afin de lever les freins à l’accès et favoriser la continuité des soins. “Il peut y avoir plusieurs raisons. La commune compte par exemple beaucoup de femmes seules avec enfants. On peut comprendre que leur priorité, ce soit leurs enfants et travailler pour les nourrir. Elles n’ont pas le temps de s’occuper d’elles-mêmes ou d’aller faire des examens par exemple. Aller à une consultation impliquera peut-être aussi de faire garder les enfants.” 

Accès aux transports en commun, hôpital trop éloigné, expérience passée négative, non inscription à la Sécurité sociale… L’entretien permettra d’investiguer et aider, parfois au niveau administratif, à débloquer des situations. La médiatrice peut aussi accompagner le patient en consultation. “Le praticien et le patient vont avoir tendance à s’adresser à nous plutôt que de se parler l’un l’autre. Il nous faut donc insister pour qu’ils se parlent. On est là pour renouer le dialogue et sensibiliser les médecins, qui n’ont pas toujours le temps de s’attarder et s’assurer que les consignes de traitement sont bien comprises. ” La médiation en santé est prévue dans la loi depuis 2017. Mais elle est pratiquée depuis longtemps par le milieu associatif. “Ces professionnels sont souvent issus des communautés dont ils s’occupent. Cette proximité installe un climat de confiance et de compréhension bienvenu dans nos actions.”

Toujours dans une volonté de permettre aux patients de devenir acteur de leur santé, Santé commune propose des ateliers collectifs de prévention.  “Nous n’imposons pas le contenu ou le fonctionnement. Nous partons des besoins et interrogations des habitants pour faire venir un intervenant extérieur et leur répondre.” Car il ne s’agit pas de faire à la place de mais bien avec. Le centre travaille donc à la mise en place d’un comité des usagers, pour renforcer l’aspect communautaire. “Deux volontaires en service civique vont à la rencontre des usagers pour recueillir leurs attentes. Elles observent également ce qui marche dans les autres centres”.

L’accueil physique, primordial pour le contact humain

Les locaux, occupés autrefois par l’hôpital de jour du Vinatier, sont composés des bureaux des professionnels, d’un accueil chaleureux pour prendre le café et faire connaissance de manière informelle, d’une salle d’attente et d’un secrétariat. “Les patients peuvent prendre rendez-vous via Doctolib. Mais outre le fait que tous n’ont pas accès à internet ou ne sont pas compétents sur le numérique, nous nous sommes rendu compte qu’une permanence téléphonique était nécessaire car certains sont découragés par un standard automatique. Le lien humain est très important dans notre métier.”

La salle de consultation gynécologique de Santé commune / Photo F. H

5 autres centres de santé communautaires existent en France. Le premier a ouvert en Seine-Saint-Denis en 2008. Santé commune est opérationnel depuis octobre 2018. “Nous avons tout de suite été bien reçus par les habitants. Ils sont venus par curiosité se renseigner.” Depuis, le centre reçoit des patients vaudais mais pas que. “On a aussi des habitants des communes voisines qui n’ont pas d’autres solutions. On travaille avec des centres et associations pour réfugiés ou travailleurs en situation de handicap.”

Des besoins en psychiatrie

Si Santé commune travaille en bonne intelligence avec la municipalité et les autres acteurs du territoire, il manque cruellement une spécialité. “Il n’y a pas de psychiatre sur la ville. Nous cherchons nous-mêmes à en recruter. Un bureau l’attend. Mais on ne trouve pas. Nous avons pourtant un beau projet d’équipe. La mairie aussi est volontaire sur cette question car il y a un vrai besoin. Les permanences d’écoute psychologique sont tenues par des associations, donc leur existence n’est pas pérennisée.”

Le financement de Santé commune provient des actes médicaux, certains étant valorisés, d’un financement de l’ARS, de la Ville de Vaulx-en-Velin et d’un accord national. “Nous voudrions passer à un financement au forfait et non à l’acte. Nous pourrions traiter chaque patient aussi souvent que nécessaire et passer d’une logique de quantité à une logique de qualité.”

Il existe une quinzaine de centres de santé sur le département, sans compter les centres dentaires. Certains sont gérés par la Sécurité sociale, d’autres par la MGEN. “Sur l’agglomération de Lyon, trois d’entre eux pratiquent comme nous le tiers-payant. Donc il ne faut pas hésiter à s’en rapprocher.”

Contact Santé commune : 04 81 13 23 80 contact@sante-commune.fr

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