Axelera, pôle de compétitivité au service de la transition écologique

Nous nous sommes entretenus avec Cécile Barrère-Tricca, présidente d’Axelera, pôle de compétitivité chimie-environnement basé à Solaize. Elle revient sur ses missions, dans un contexte d’urgence écologique, et les projets d’avenir.

Qu’est-ce qu’Axelera et quelle est sa mission ?
Axelera est le pôle de compétitivité chimie-environnement d’Auvergne-Rhône-Alpes. C’est le pôle de référence national qui regroupe tous les acteurs de la chimie et des éco-industries. Il compte 370 adhérents, des entreprises, des centres de recherche, des centres de formation, des associations. Les entreprises par exemple sont 240, de la start-up au grand groupe industriel. 80 % de nos adhérents sont de la région, 45 % de la Métropole lyonnaise. Comme tous les autres pôles de compétitivité, Axelera a été créé en 2005. Ses membres fondateurs sont des groupes industriels de la chimie (Arkema et Solvay), de l’énergie (Engie), des déchets (Suez), et des acteurs académiques avec le CNRS et l’IFP Energies nouvelles, dont je suis la cheffe d’établissement. La présidence du pôle est renouvelée tous les deux ans. J’occupe cette fonction depuis septembre 2019.

Cécile Barrère-Tricca, présidente d’Axelera, pôle de compétitivité chimie-environnement/ Photo Axelera

Bio express
Ingénieure de l’École nationale supérieure de chimie de Toulouse, titulaire d’un DEA science des matériaux de l’Institut national polytechnique de Toulouse et docteure en chimie et physico-chimie des polymères de l’Université Pierre et Marie Curie Paris 6, Cécile Barrère-Tricca est directrice de l’IFPEN-Lyon, organisme public de recherche et d’innovation dans les domaines du transport, de l’énergie et de l’environnement (800 personnes dont 85% de chercheurs) depuis 2017. Elle est présidente du pôle de compétitivité AXELERA « Chimie-Environnement » depuis septembre 2019. Elle est fortement impliquée dans l’écosystème régional de la recherche et innovation.

Le but d’Axelera est de permettre à tous ces acteurs de travailler ensemble. Car chimie et environnement peuvent se nourrir. La chimie est extrêmement utile dans les éco-industries. Par exemple dans le recyclage des plastiques, enjeu très important, ou la dépollution des sols, des eaux ou de l’air. Les compétences de la chimie et les solutions apportées par ses acteurs peuvent avoir un véritable intérêt sur ces questions. Donc notre vision, c’est celle d’une chimie au service d’une industrie plus durable, d’une transition écologique. Nous traitons des aspects de transition énergétique, de recyclage et d’éco-conception.

Nos adhérents comptent sur nous dans deux domaines. D’abord, l’innovation. C’est pour cela que les pôles ont été créés au départ. Mettre les acteurs en réseau favorise le montage de projets collaboratifs et innovants. C’est pour cela que nous organisons une vingtaine d’évènements thématiques tout au long de l’année, pour que nos adhérents puissent se rencontrer et échanger. Il y en a eu sur les nouvelles chimies pour la filière des batteries, la bio-catalyse ou le recyclage des plastiques par exemple. Ensuite, nous accompagnons nos adhérents dans leur développement business, et notamment à l’international.

Quels sont les axes de travail principaux pour votre filière ?
Nous avons 5 axes stratégiques : valoriser les matières premières renouvelables pour en faire par exemple de nouvelles molécules ou du bio-carburant; mettre en place l’usine éco-efficiente, via notamment l’efficacité énergétique ou l’électrification pour aller vers la baisse des émissions de CO2 ; les matériaux et produits pour les filières industrielles ; la valorisation des déchets de production, via le recyclage, que ce soit du plastique ou des métaux, ou la production de bio-gaz ; et la préservation et restauration des ressources naturelles. Enfin, nous avons 3 axes transversaux, que sont l’éco-conception, le numérique et l’économie circulaire.

Comment avez-vous géré les contraintes induites par la crise sanitaire ? Comment s’en sortent vos adhérents ?
Je suis très contente de la manière dont l’équipe du pôle de compétitivité a géré cette période. Elle a été particulièrement agile et flexible. Nous étions dans l’incertitude mais elle a su se réorganiser pour continuer à travailler. Nous avions prévu des recrutements en 2020, que nous n’avons pas pu mener parce que nous ne voulions pas nous mettre en difficulté selon l’évolution de la situation. Nos évènements étaient jusque-là en présentiel. Pour la première fois, nous avons dû les organiser à distance. Tout s’est très bien passé. Certains évènements ont même capté plus de participants, car ils n’avaient pas à se déplacer.

Du côté de nos adhérents entreprises, nous les avons interrogés en septembre, via un échantillon de représentatif d’un tiers, pour savoir comment ils avaient traversé la période et comment Axelera pouvait les accompagner au mieux. Les réponses montrent que la situation est globalement maîtrisée. Ils ont tous su mobiliser les leviers à leur disposition pour les aider à gérer la crise : télétravail, demandes de prêts garantis par l’État, chômage partiel, réduction d’effectifs. Les chiffres d’affaires 2020 ont été relativement stables voire en augmentation pour la moitié d’entre eux.

Pour 2021, les prévisions sont plutôt optimistes, même si une certaine incertitude demeure. Donc il y a un risque de réduction d’effectif si la situation persiste. Enfin, ils attendent de nous que nous les accompagnions dans leurs projets de R&D, que nous leur présentions les opportunités de financement, notamment avec le plan de relance.

La valorisation des déchets et la préservation des ressource naturels font partie des axes stratégiques d’Axelera / Image par Anastasia Gepp de Pixabay

Quels sont pour vous les motifs de satisfaction en 2020 ?
Malgré la crise, nous avons bel et bien suivi la trajectoire que nous nous étions fixée. Nous avons d’une part renforcé notre dynamique en direction de l’Union européenne. Nous comptons une quarantaine de projets accompagnés, 3 d’entre eux déjà financés (7 millions d’euros pour l’un). Notre pôle est directement impliqué dans 3 projets sur le recyclage des pneumatiques, la performance environnementale des activités minières et le stockage de l’hydrogène. Ensuite, nous avons fortement mobilisé les possibilités offertes par le plan de relance. Une dizaine de projets ont été accompagnés depuis septembre, l’un d’entre eux à hauteur de 748k€ sur les 900 k€ nécessaires.

Quels sont les projets d’avenir que vous développez ?
En 2020, nous nous sommes fortement investis dans deux secteurs. D’abord, l’hydrogène décarboné, qui présente de nombreux intérêts pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Dans l’industrie, pour réduire les émissions de CO2 de l’industrie, en l’utilisant comme énergie ou encore comme réactif. Dans les transports, en particulier pour les transports lourds. Enfin, dans le stockage de l’électricité intermittente (éolien, solaire). Nous travaillons en collaboration avec les pôles TENERRDIS et CARA. Nous sommes par ailleurs impliqués dans la structuration de projets d’écosystèmes territoriaux à l’échelle régionale et de la Métropole de Lyon.

Ensuite, le numérique, avec l’avancée du projet AXELER’IA : nous lançons la phase démonstrateur de la plate-forme d’accélération des processus de recherche dans la chimie grâce à l’IA. Enfin, nous travaillons à rapprocher le monde académique et les entreprises. Nous avons lancé une série de webinaires pour mettre en visibilité les équipements de recherche ouverts aux industriels et les compétences des laboratoires.

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