Pistyles, le jardinage écologique et participatif

Cette coopérative de Villeurbanne œuvre pour le retour de la nature en ville, via des jardins et potagers collectifs, dans une démarche respectueuse du vivant

Depuis juillet 2020, un vaste jardin potager a vu le jour sur un terrain de 800 m² au cœur de Gratte-Ciel à Villeurbanne. Cet exemple d’occupation temporaire va permettre de cultiver et de récolter des légumes pendant 3 ans, qui sont destinés à des associations caritatives. Et ce avant que des immeubles ne soient construits dans le cadre de la ZAC Gratte-Ciel centre-ville. Particularité : les habitants sont mis à contribution, ravis de pouvoir jardiner en profitant de conseils de professionnels.

Depuis janvier, un « village » se construit entre les espaces jardinés, avec 15 containers qui vont être habités par des artisans, des shops, bars et des espaces pédagogiques. Le 24 avril, le lancement de cette Ferme des artisans, ouvert à tous, va rassembler de nombreux citoyens pour que tout le monde participe à cet effort de végétalisation de la ville.

Les jardiniers de Pistyles veillent sur le potager de la ferme des artisans /Photo Pistyles

Des principes écologiques pour plus de biodiversité

C’est l’entreprise Pistyles qui a été sélectionnée pour mener ce projet. Cette coopérative, créée en 2015, œuvre pour un jardinage participatif et écologique. Elle propose différentes prestations pour les collectivités locales, les co-propriétés ou les promoteurs immobiliers : espaces verts, jardin potagers collectifs, agriculture urbaine, mise en place et gestion de composteurs collectifs en pied d’immeuble. « Nos pratiques professionnelles sont engagées…. Et nos clients sont demandeurs de cela : : pas de pesticides, pas de tontes de pelouse et de tailles intempestives des arbres qui agressent la plante, économie d’eau, compostage et réemploi… Notre but est de respecter le milieu, pour favoriser la biodiversité. Nous avons ainsi observé le retour de certaines espèces dans les jardins, comme l’orchidée ou le hérisson. », explique Marc Pascal, gérant de Pistyles.

Les parcs et jardins collectifs constituent des pouvons verts importants en ville, même si disséminés sur le territoire. « Nous avons pu le constater pendant le confinement. Ces espaces ont été investis et très utilisés pendant cette période. Du reste, notre activité s’est maintenue depuis le début de la pandémie. »

L’équipe de Pistyles encourage la participation des habitants dans ses différentes actions. / Photo Pistyles

Il y a aussi une vraie demande pour un retour de l’agriculture en ville. Outre la Ferme des artisans, Pistyles mène des projets à Vaulx-en-Velin, Vénissieux et Lyon 5e. « Il ne s’agit pas de grosse production, même si cela va créer quelques emplois.. Nous sommes plus dans une démarche démonstration, de sensibilisation et d’éducation du public à l’alimentation, à la santé et à la nature. » C’est le sens des ateliers organisés avec les habitants. « Nous croyons fortement au participatif et au collectif. Les habitants peuvent venir regarder les jardiniers travailler, poser des questions et participer. »

Deux jeunes femmes en service civique n programme d’animations socio-culturelles dans les jardins en avril, mai et juin. Cela va permettre d’associer culture et nature mais aussi renforcer l’objectif de médiation, donnant l’occasion aux usagers de s’approprier le lieu : cinéma, méditation, land art, jardin philosophique…

Installateur de composteurs partagés

Dans la même veine : la mise en place de composteurs dans les immeubles. Pistyles en installe 120 chaque année pour le compte de la Métropole de Lyon, dont c’est la compétence. Toutes les personnes qui ont envie de lancer un compost collectif dans leurs  résidences et quartiers peuvent se connecter avec le programme de la Métropole, dopé par la nouvelle majorité.  C’est la multiplication des gestes citoyens qui fera la transition. Il n’y a pas de petit geste et tout le monde peut agir. 

Pour Marc Pascal, le compostage est une démarche majeure. « 30 % de nos déchets sont organiques, donc composés d’eau. Si on les brûle, on brûle de l’eau. Le compostage est une bonne solution, qui doit profiter à court terme aux sols urbains (pour les enrichir) et à long terme aux agriculteurs (pour récupérer des engrais naturels). Car ils paient très cher leur engrais, alors que les terres perdent peu à peu de leur fertilité. Si on ne fait rien, on court à la catastrophe. Il faut donc revoir les flux de la campagne à la ville. Avec par exemple, le compostage en bout de champ, où l’agriculteur reçoit du compost sur son exploitation pour l’utiliser. »

L’équipe de Pistyes suit les projets de composteurs pendant un an. Les habitants reçoivent des consignes sur les déchets acceptés afin d’éviter les nuisances. « Grâce à cette première action collective, des habitants mettent en place d’autres choses et des solidarités entre voisins. »

Un financement par titres participatifs
Pistyles a lancé en septembre 2020 un financement un peu particulier : l’émission de titres participatifs. Modèle de financement ouvert aux entreprises de l’économie sociale et solidaire, il consiste en une prise de participation qui génère des intérêts chaque année. “Cette épargne ouverte aux particuliers comme aux entreprises et placée durant 7 ans minimum permet de renforcer l’entreprise coopérative et non délocalisable”, souligne Marc Pascal.
Entre autres projets, ces fonds serviront à l’achat de 3 fourgonnettes équipées, qui rouleront au gaz naturel produit à partir de la méthanisation de la biomasse. Ils comporteront notamment des toilettes sèches et un espace de pause pour améliorer les conditions de travail de l’équipe de jardiniers, composée notamment cinq femmes. Pour son équipe d’animation, Pistyles souhaite acquérir deux vélos électriques afin de diviser par deux les trajets effectués en voiture. Total du besoin de financement : 150 000 euros. L’appel se termine le 31 mars 2020.

En savoir plus : Pistyles

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