Cette association lyonnaise qui a mené diverses actions pour une transparence et une justice alimentaires cherche un local pour pouvoir développer ses projets
Créée par Marie-Amandine Vermillon et Martin Cahen en mai 2019, Bellebouffe milite pour une alimentation durable et solidaire. Tous deux anciens membres de l’équipe du TUBA (Lyon 6e), lieu d’expérimentation et d’innovation urbaine, la psychologue sociale et le designer voulaient augmenter leur impact sur le territoire. « Nous nous sommes arrêtés sur l’alimentation car c’est un enjeu qui croise différentes problématiques : santé, nutrition, agriculture, économie, écologie… », explique Martin.

Le gaspillage alimentaire en France est en effet colossal: 10 millions de tonnes de denrées consommables sont jetées chaque année en France selon l’Ademe. L’État s’est engagé à le réduire de moitié d’ici 2025. « Pour nous, il est nécessaire de raisonner au niveau macro et pas juste sur ce qu’il y a dans nos assiettes. Cela passe par le développement des circuits courts, de l’autonomie alimentaire territoriale, de la transparence et de la justice alimentaires. Et par exemple, en rendant les informations accessibles au grand public. Les citoyens pourraient ainsi constater que 3/4 des produits servis dans les cantines scolaires à Lyon ont parcouru plus de 300 km. »
Des actions solidaires et une carte collaborative
Depuis sa création, l’association a mené différents types d’actions. « On peut citer le banquet de Noël zéro déchet en 2019. Pendant une semaine, nous avons préparé un repas pour et avec 50 personnes en situation de précarité et isolées. Nous nous sommes même occupés de la décoration. Nous voulions qu’il se déroule dans un endroit différent de ceux dont ces personnes ont l’habitude, qui ne soit pas lié à leur statut. Nous avons donc choisi le café Soffa, espace de co-working et d’évènementiel. »
L’équipe a également récolté des paniers solidaires avec nourriture et jeux pour une centaine de mineurs étrangers isolés qui occupaient le collège Maurice Sève avant son évacuation. Elle mène également des actions d’éducation populaire pour apprendre à cuisiner des produits frais. « Nous partons de ce que les habitants ont l’habitude de manger. Imaginons des kebabs et des tacos. Nous leur montrons comment les réinventer avec des produits locaux. »

Enfin, Bellbouffe a édité une carte interactive collaborative qui recense 700 lieux où manger durable à Lyon et alentours. « Les informations sont ouvertes. Donc on peut très bien les récupérer et refaire une carte. Ce genre d’informations permet à un nouvel arrivant dans un quartier de repérer les commerces durables. Mais aussi aux pouvoirs publics et habitants de constater où sont les déserts alimentaires. Plus globalement, nous réfléchissons avec la Métropole comment ouvrir les data : lesquelles, à qui, pour quel usage…»
Un projet de tiers-lieu pour multiplier les actions
Aujourd’hui accueilli avec d’autres structures au sein de Maison de l’économie circulaire (Lyon 1er), l’association recherche un local de 600 m². « Nous voudrions créer un tiers lieu solidaire où nous pourrions proposer de la cuisine participative, un restaurant, de la formation, des actions de sensibilisation, une épicerie, de l’évènementiel… »

En attendant, Bellebouffe développe son partenariat avec Escales solidaires, tiers lieux d’Habitat et Humanisme dans différents arrondissements qui utilisent le repas comme vecteur de lien social. « On peut y prendre un repas le midi pour 2€. C’est un lieu de rencontres, d’ateliers mais aussi de services pour des populations qui ne peuvent y avoir accès. Nous avons prévu 60 actions en 2021 sur l’alimentation. Cela va nous permettre de mieux connaître les besoins des habitants et les accompagner dans la mise en place de solutions. »
Marie-Amandine et Martin sont désormais salariés de l’association, qui compte une soixantaine d’adhérents, dont une trentaine actifs.
Plus d’infos : Bellebouffe