Exercices de style

Châtaignier corse en détresse

Le cynips, coléoptère parasite, sème la terreur sur les parcelles de châtaigniers en France, et notamment en Corse, où il est un emblème. Comment le vivent les arbres ?

Je me sens pas bien. J’ai froid, j’ai soif, ça gratte. Et mes feuilles ont une drôle de couleur. Je crois que ça y est, je suis contaminé. Je savais que ça arriverait. M. Spinosi, notre jardinier en chef, en parle depuis un petit moment. Il redoutait que ce parasite, le cynips – on n’a pas idée de s’appeler comme ça – n’arrive sur notre parcelle. Et il a fallu que je sois le premier touché.

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C’est pas tellement pour moi que je m’inquiète. Le cynips n’est pas mortel pour nous. C’est plus pour M. Spinosi. Il est très gentil et il s’occupe bien de nous. Il a beaucoup investi sur cette exploitation. Le pauvre va perdre une grande partie de sa récolte. Car à cause de cet insecte, je vais donner bien moins de châtaignes que les autres années. Or ici, en Corse, la châtaigne, c’est toute une histoire ! On compte sur nous pour faire vivre plusieurs filières. Notamment parce qu’avec la châtaigne, ils fabriquent une farine, paraît-il. Donc si la contamination se propage à toute l’île, ce sera une véritable catastrophe.

                                                                             /keldelice.com

M. Spinosi en parle avec ses amis. Ils surveillent de près la situation en Italie, où la contamination a commencé. Il semble qu’ils aient trouvé la parade : un autre insecte parasite, au nom tout aussi improbable, qui s’attaque au cynips. En attendant, M. Spinosi se demande comment il va s’en sortir avec une production plus faible. Il parle d’agrandir la parcelle ou de se diversifier.

En tout cas, j’espère que la solution italienne va vraiment marcher. ça me ferait mal de voir mes camarades châtaigniers tomber malades à leur tour. Et puis avec moins de châtaignes, on se sent un peu nu, inutile même. C’est presque castrateur. Ooooouuuuuuh, je m’assiérais bien à l’ombre une minute…

 

Conduire sa vie, c’est comme conduire une voiture

Conduire sa vie, c’est comme conduire une voiture. Tenir le cap n’est pas toujours évident. On peut faire des sorties de route, des dérapages incontrôlés ou tomber sur une impasse. On doit alors faire marche arrière. Sans aller jusqu’à rouler à tombeau ouvert, il faut cependant enlever le frein à main et passer la seconde, après avoir trouver un itinéraire bis. On ne doit pas hésiter à sortir des sentiers battus, sans pour autant franchir la ligne jaune.

Quand on se trouve sur l’autoroute de la vie, il faut se méfier des relations à sens unique. Elles peuvent faire péter une durite. Dans ces situations-là, il est fortement conseillé de s’arrêter en chemin, refaire le plein pour repartir sur les chapeaux de roue. Mais parfois, regarder dans le rétroviseur peut être utile pour éviter de partir en roue libre. Tout est permis certes, mais filer à toute vitesse sans se retourner, c’est tout de même gonflé! Cela peut conduire à une voie de garage. On est alors tout crevé, bon pour la casse. Sauf si on a une roue de secours, une carte joker en somme, qui permet de repartir pour un tour.

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Quand les signes de ponctuation se rebellent

Mes chers amis,

L’heure est grave. Et j’exagère à peine. Nous devons frapper un grand coup pour rétablir la situation. Peut-être l’avez-vous remarqué, mais les humains nous utilisent à tord et à travers. Voire ne nous utilisent pas du tout. Ils ne savent plus quelles sont nos fonctions respectives.

Pour les points d’interrogations – comme votre serviteur – et les points d’exclamation, ça va encore. Les points aussi, ils les maîtrisent. Mais pour le reste, c’est du grand n’importe quoi. Ils confondent tirets et parenthèses. Ils utilisent peu ou trop de virgules. Notre pauvre point-virgule est négligé parce qu’incompris. Ils se mélangent les pinceaux entre les accents graves et aigus, et ne savent pas quand mettre un circonflexe. Et ne parlons pas des majuscules, qu’ils utilisent pour donner de l’importance et non juste sur des noms propres. Et la cerise sur le gâteau : les SMS. Sans ponctuation, accent ou apostrophe. C’est un scandale ! Qu’est-ce qui nous dit que les humais ne vont pas finir par écrire comme ça tous leurs textes ?

Alors je sais quelles excuses ils donnent. Nous sommes trop nombreux, la syntaxe est trop compliquée. Bref, ils sont perdus. Moi je crois plutôt qu’ils ne nous respectent plus. Nous faisons parti des meubles désormais. Alors je propose une action collective, simple mais radicale : la grève. A chaque fois qu’ils feront appel à nous, nous ne répondrons pas – jusqu’à nouvel ordre. Ils auront l’air malin avec leurs textes sans ponctuation, incompréhensibles.

Cela créera certainement une prise de conscience chez les humains. Ils comprendront que :

  • oui, nous sommes nécessaires à la bonne compréhension d’un texte ;
  • non, nous ne sommes pas interchangeables.

Mes amis, c’est le seul moyen de retrouver la place qui est la nôtre. Nous avons droit à la reconnaissance et au respect de nos identités. Nous devons nous battre pour les reconquérir.

Vive la ponctuation ! Et vive la syntaxe !

 

 

Au chevet d’une grande dame

Elle est l’objet de toutes les attentions et de nombreuses inquiétudes. Les meilleurs spécialistes travaillent sur son cas en permanence.

Elle présente plusieurs points faibles. Il y a d’abord cette fissure qui part de son sommet. Une blessure qui remonterait à son enfance. Sans compter cette sensibilité aux variations de température, même légères. La belle se met alors à gondoler. Du coup, il n’est pas question de la transporter. Elle n’en réchapperait pas.

Notre star bénéficie donc des technologies les plus sophistiquées. Elles donnent un diagnostic précis sur son état et peuvent même révéler ses secrets de fabrication. On réfléchit également aux moyens de la soulager, comme cette minerve qui soutient son port de tête depuis 1951.

Les experts espèrent maintenir en vie encore longtemps ce chef d’œuvre du XVIe siècle, admiré par le monde entier et énigmatique. Car la Joconde est incontestablement l’attraction numéro 1 du musée du Louvre.

2 réflexions sur “Exercices de style

  1. Par rapport aux points… C'est vrai qu'ils sont constamment malmenés de nos jours, et de plus en plus :-/ Mais dans le même temps, il me semble qu'ils ont aussi trouvé avec l'ère numérique de toutes nouvelles fonctions et même une nouvelle jeunesse qui les met tout à fait en valeur :-D Bien que ce soit d'une autre manière… Et paradoxalement, ceux qui martyrisent le plus la ponctuation dans leurs tentatives de phrases sont souvent les premiers à l'utiliser dans ses nouveaux modes :-> Voire même à remplacer un point par trois points :-O

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