Cette entreprise lyonnaise collecte les déchets alimentaires des restaurations et commerces pour produire du compost, qui sera vendu comme fertilisant aux agriculteurs.
Le compostage est rentré dans les mœurs des ménages depuis de nombreuses, aidé en cela par la mise en place de bacs collectifs en pied d’immeuble ou dans les quartiers. Ce procédé de fermentation permet de réduire grandement le volume de déchets ménagers organiques, promis à l’incinération. Chaque habitant de la Métropole produit en moyenne 414 kg de déchets par an, dont plus de 60 % sont aujourd’hui directement incinérés.
Marc Ferrieux a décidé de proposer un service à destination des professionnels de l’alimentaire et de la restauration. Il a créé Oui Compost avec cinq associés en mars 2019. « Le but est de valoriser ces déchets. Avec un vélo remorque, pour rester vertueux, nous allons collecter des déchets des professionnels une fois par semaine. Nous récupérons les bacs pleins contre des bacs propres. Cela concerne les commerces alimentaires, épiceries, restaurants, traiteurs, fleuristes, jardinerie mais les bureaux avec le marc de café, les sachets de thé, les restes de repas. »
Une méthode de compostage électromécanique
150 tonnes de déchets sont ainsi collectées en 2019. Grâce à un code barre apposé sur chaque bac qui identifie l’entreprise cliente, Oui Compost facture en fonction du poids des déchets à traiter.
Les déchets sont acheminés dans le site de compostage à Confluence. « Nous procédons à un tri complémentaire, car il peut toujours y avoir des erreurs. Nous retrouvons par exemple des couverts, jetés en même temps que la nourriture. » Après un broyage et l’ajout d’intrant carboné, les déchets sont mis dans une cuve en inox. Des pales, peu gourmandes en énergie, vont tourner deux minutes toutes les deux heures pour mélanger le tout. Un système d’aération permet d’introduire de l’oxygène.
Ce pré-compost est prêt au bout de 15 jours et laissé pour maturation pendant un mois et demi. Avec cette méthode rapide et électromécanique, sans bruit ni odeur, 50 tonnes de compost sont produites par an.
Le compost est vendu aux particuliers et aux agriculteurs
L’entreprise a reçu une certification qualité qui lui permet de vendre le compost. « Nos clients sont des particuliers via notre site internet ou les 6 points de vente à Lyon, mais aussi des maraîchers et des agriculteurs urbains. Notre produit les qualifie pour la certification bio. »
Si la loi oblige depuis 2016 à trier et valoriser les déchets à partir 10 tonnes, la majorité des clients de Oui compost se trouvent en dessous de ce seuil. « Ils viennent à nous par conviction écologique. Ils sont vraiment engagés sur cette question. »
C’est aussi une manière d’anticiper l’extension de l’obligation à partir du 1er janvier 2024. Les collectivités devront proposer des solutions aux professionnels et aux particuliers, dès le premier kilo de déchets produit. « Elles auront le choix entre organiser des collectes ou mettre en place des points d’apport volontaire. La Métropole de Lyon mène en ce moment une expérimentation dans le 7e arrondissement avec 200 points d’apport volontaire. »
Des boîtes de collecte des déchets pour les particuliers
De son côté, Oui Compost a installé des Oui boîtes sur la voie publique depuis octobre 2020 dans le 7e et le 1er arrondissement pour les ménages. « Une cinquantaine de foyers sont inscrits pour chacune des boîtes. Le tri est plutôt bien effectué, étant donné que ce sont des gens sensibilisés à la question. » L’entreprise est en pourparler pour mettre en place des points d’apport volontaire dans les résidences d’un bailleur. « Il y a une vraie demande, car les composteurs de quartier sont pris d’assaut. »
Oui Compost a désormais la volonté de créer d’autres unités de compostage pour être au plus près de ses clients, donc toujours en ville. « Nous pensons également à essaimer dans d’autres villes de la région, le modèle étant facilement duplicable. » Pour l’heure, l’entreprise compte deux collecteurs composteurs et un vendeur.
Plus d’infos : Oui Compost